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Lucie Delarue-Mardrus et les sexes d’un ange

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Le cahier Livres de Libédossier
Réédition de «l’Ange et les pervers», sorti en 1930, un texte qui, avec son humour, sa méchanceté et ses émotions, est soudain devenu moderne.
Lucie Delarue-Mardrus, portrait à la cigarette (1914). (Paul Nadar)
publié le 28 mars 2025 à 17h24

«La parution de l’Ange et les pervers, en 1930, passa totalement inaperçue, elle ne fit l’objet d’aucune critique ni d’aucun compte-rendu.» C’est ainsi que Nelly Sanchez commence sa préface à la réédition du roman, en 2017, par la Société des textes français modernes, s’étonnant même que Ferenczi et fils, l’éditeur de 1930, ait mystérieusement procédé à une réédition en «urgence» en 1934. Quant à Lucie Delarue-Mardrus, née en 1874 et morte en 1945, le temps ne lui a guère apporté la gloire, ce qu’il y a de plus connu dans son patronyme étant Mardrus, le nom de son mari, traducteur des Mille et Une Nuits, dont elle divorça en 1913. C’est pourtant ce roman que l’Imaginaire republie aujourd’hui, agrémenté, suivant le désormais principe sympathique de la collection, de deux préfaces (ici dues à Léna Ghar et Joanna Folivéli). Et d’une brève «note d’édition» qui doit à l’édition précédente et, prétendument «sans velléité aucune de proposer une quelconque analyse ou lecture guidée», corrige le mot «hermaphrodite», «aujourd’hui incorrect et désuet», de l’autrice, qui «doit être rejeté au profit du mot “intersexe”». Fin de la préface de l’édition de 2017 : «Pour elle [Lucie Delarue-Mardrus, ndlr], point d’essence féminine, tout n’est qu’un apprentissage forcé