Lauréate des plus prestigieuses distinctions littéraires russes et internationales, des prix Médicis et Simone de Beauvoir en France, chevalière de l’Ordre des arts et des lettres, officière de la Légion d’honneur, la romancière Ludmila Oulitskaïa, est persona non grata dans son propre pays. En Russie, les œuvres de celle qui a été classée «agent de l’étranger» en 2024 et déchue de son titre de professeur émérite à l’Université de technologie chimique, sont aujourd’hui retirées de librairies et enterrées dans les bibliothèques, parce qu’elle s’est opposée ouvertement à la guerre que la Russie a lancée contre l’Ukraine, en février 2022. Dans les semaines qui ont suivi, l’écrivaine de 82 ans est partie s’installer à Berlin, avec son mari, l’artiste Andreï Krassouline.
L’amoureuse des lettres et éprise de liberté d’expression, qui a commencé sa carrière littéraire pendant la pérestroïka, biberonnée au samizdat et aux auteurs proscrits par la censure soviétique, ne s’est jamais gardée de critiquer le pouvoir, s’élevant contre l’annexion de la Crimée et l’ingérence russe en Ukraine, ou défendant les droits LGBT, autant de tabous dans la Russie de Vladimir Poutine.
En ce printemps 2025, l’autrice de Sonietchka, le Chapiteau vert et Daniel Stein, interprète, traduite dans 49 langues, l’un des écrivains russes les plus vendus en France de nos jours, publie dans sa maison historique Gallimard un petit recueil de nouvelles, le Livre des anges