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L’entreprise de Benoît Casas se lit noir sur blanc entre les vers du poème «301» : «Formuler /une succession /continue /d’affirmations /jusqu’à /ne plus avoir /une série /de notations /mais un /tout.» Mais ne voyez pas Combine, le dernier recueil du poète aux éditions Nous – dont il est un des éditeurs –, comme un assemblage foutraque. Dans l’ouvrage, constitué de 1 000 brefs poèmes – jamais plus de dix vers libres –, c’est la somme des textes,que l’on peut lire au passage dans l’ordre de son choix, qui fait justement sens et pour soi-même. D’ailleurs, ne voyez pas ce vrac comme un moyen déloyal, voyez-y tout simplement l’exercice en action du travail poétique de l’auteur marseillais – une dizaine de livres au compteur, dont une enquête (ou exploration) poétique sur Venise l’an passé.
Citons, à titre d’exemple, le poème «400» : «Un livre /est une /trajectoire /où s’expriment /des énoncés /des résumés /des réveils /segmentés.» Combine n’est pas qu’un jeu de forme astucieux – ou hasardeux. C’est le choix d’une poésie claire, totale, parfois méditative ou contemplative (comme le poème «116» : «Des papillons /jaunes /scintillaient /dans les /ombres /comme des /taches de /soleil.»), parfois une réflexion sur la langue à coup d’aphorismes, puis de pensées fugaces. Là encore, le programme est dans le texte, au poème «701» : «La poésie /n’a besoin /que /du langage /ordinaire.» Et c’est bien suffisant pour saisir le tout comme le rien.
L’extrait
«178»
Flaques
flaques
de pluie
noires
la nuit.
«398»
Ces bouts
de phrases
ces détails
se combinent
s’imbriquent
et se
confondent
en se
concrétisant.
«552»
Et pourquoi
finalement
la poésie
ne trouverait-
elle pas
à nouveau
un public ?
«912»
Douce
gouttes
de
lente
noirceur.