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Libération
Lundi poésie

«Combine» de Benoît Casas, plus d’un tour dans son vrac

Le dernier recueil du poète et éditeur marseillais propose un agencement non chronologique de 1 000 poèmes brefs en vers libres.
Dans «Combine», le Marseillais Benoît Casas fait le choix d’une poésie claire, totale. (DR)
publié le 1er mai 2023 à 15h40

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L’entreprise de Benoît Casas se lit noir sur blanc entre les vers du poème «301» : «Formuler /une succession /continue /d’affirmations /jusqu’à /ne plus avoir /une série /de notations /mais un /tout.» Mais ne voyez pas Combine, le dernier recueil du poète aux éditions Nous – dont il est un des éditeurs –, comme un assemblage foutraque. Dans l’ouvrage, constitué de 1 000 brefs poèmes – jamais plus de dix vers libres –, c’est la somme des textes,que l’on peut lire au passage dans l’ordre de son choix, qui fait justement sens et pour soi-même. D’ailleurs, ne voyez pas ce vrac comme un moyen déloyal, voyez-y tout simplement l’exercice en action du travail poétique de l’auteur marseillais – une dizaine de livres au compteur, dont une enquête (ou exploration) poétique sur Venise l’an passé.

Citons, à titre d’exemple, le poème «400» : «Un livre /est une /trajectoire /où s’expriment /des énoncés /des résumés /des réveils /segmentés.» Combine n’est pas qu’un jeu de forme astucieux – ou hasardeux. C’est le choix d’une poésie claire, totale, parfois méditative ou contemplative (comme le poème «116» : «Des papillons /jaunes /scintillaient /dans les /ombres /comme des /taches de /soleil.»), parfois une réflexion sur la langue à coup d’aphorismes, puis de pensées fugaces. Là encore, le programme est dans le texte, au poème «701» : «La poésie /n’a besoin /que /du langage /ordinaire.» Et c’est bien suffisant pour saisir le tout comme le rien.

L’extrait

«178»

Flaques

flaques

de pluie

noires

la nuit.


«398»

Ces bouts

de phrases

ces détails

se combinent

s’imbriquent

et se

confondent

en se

concrétisant.


«552»

Et pourquoi

finalement

la poésie

ne trouverait-

elle pas

à nouveau

un public ?


«912»

Douce

gouttes

de

lente

noirceur.

Benoît Casas, Combine, Nous, 272 pp., 20 €.