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Lundi poésie

Debora Vogel et la géométrie yiddish

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«Figures du jour & Mannequins», la première traduction en France de la poète avant-gardiste née en 1900 et assassinée en Pologne en 1942 par les nazis.

Debora Vogel. (DR)
Publié le 09/10/2023 à 20h54

Des rectangles, des carrés, des ronds, des couleurs primaires ou non, des matières (la tôle, le verre…) : avec ces éléments, Debora Vogel composait des poèmes. Figure de l’avant-garde des années 1920-1930, la poète et philosophe qui écrivait en yiddish (appris sur le tard) disait s’inspirer du cubisme et du constructivisme généralement plus connus par la peinture. Pour la première fois, paraissent en France ses poèmes grâce aux éditions La Barque et à une traduction de Batia Baum. Soit deux recueils de cette femme née en Galicie, dans l’empire austro-hongrois en 1900 et morte fusillée par les Allemands avec son fils de 6 ans en 1942, lors de la liquidation du ghetto de Lvov (alors en Pologne).

Debora Vogel était une grande amie de l’écrivain juif polonais Bruno Schulz. Ils entretinrent une longue et riche correspondance jusqu’à leur mort, la même année. L’auteur des Boutiques de cannelle sera, lui, abattu de deux balles dans la tête à un croisement de rues par un SS. Leurs œuvres témoignent d’une grande affinité, comme la présence des mannequins de vitrine chers également aux surréalistes. Debora Vogel écrivait des articles et des essais sur l’art contemporain et dans un texte qui ouvre Figures du jour & Mannequins, elle explique elle-même sa démarche. «Je comprends mes poèmes comme une tentative de nouveau style en poésie, je trouve en eux une analogie avec la