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Ils sont autant de «fenêtres» dans la pensée du poète. Les 365 poèmes au fil de l’eau de Debout dans les fleurs sales, dernier recueil de Thomas Vinau aux éditions le Castor astral, s’ouvrent et se referment comme des onglets, pour filer la métaphore numérique, dans lesquels il est bon d’aller piocher selon les convenances du lecteur. Explicitons : dans cette somme poétique, bâtie sur l’exercice routinier d’écriture, il est agréable – préférable même – de glaner par-ci par-là les textes sans faire cas de la table des matières.
Ici, leur agencement et l’ordre de lecture importent peu, non ce qui importe c’est de se laisser imprégner par la poésie du quotidien, matière protéiforme faite de beaucoup de ciels, de brouillards, de vents, de fleurs, de gorgées de café, de poules au fond du jardin ou de chiens qui aboient. Bref, d’odeurs, de couleurs, de sons, d’émotions, d’humeurs, de grandes joies, de petites angoisses ou de méditations (liste non exhaustive). «Ce qui est beau dans la vie /c’est qu’on peut /rater un poème /et réussir une confiture», observe, sereinement et d’un côté, l’écrivain, aussi romancier et auteur jeunesse, qui de l’autre, relève avec le même flegme de père contemplatif : «Il tuait tranquillement ses démons /dans le carmin du soleil couchant.»
Loyal à son parti pris qui n’est en aucun cas du misérabilisme ou du populisme, Thomas Vinau, plus d’une vingtaine de recueils au compteur écrits depuis le Midi, se meut dans une langue dite accessible – on lui préférera le terme «démocratique». Point de mots barbares, d’élucubrations ou de versifications fantaisistes, mais beaucoup d’images ou une musicalité – on dira un flow – qui rapprochent certains poèmes de la chanson populaire. Voyez encore : «Nous sommes un matin dans le monde /un clown jongle avec les décombres /les cris et les rires /les larmes et les ombres /éparpillés dans la cendre.» A picorer à l’aube des lendemains.
L’extrait
Notes pour plus tard
Notes pour plus tard
rien de particulier
un petit chien qui joue avec une mouche
dans le printemps
les pétales des arbres qui tombent avec le vent
l’enfant suant
bientôt le feu
bientôt la pluie
rien de particulier non
justement
rien de spécial
si ce n’est le fait
que nous étions bien là
vivants