Autrefois sur la colline du Calvaire, les oiseaux chantaient, la nature était belle, avant que les hommes ne l’investissent. Et que, il y a cent ans, le notaire Marcello Mérable n’y construise sa villa, aujourd’hui en état de décrépitude avancée comme ses habitants. Avec la Veilleuse du Calvaire, sorte de figure féminine éternelle, «indestructible nécessité du cri», le roman de Lyonel Trouillot parle du mal fait aux femmes, Gala, Marlène, Victoire et les autres, toute une cohorte qui «fustige et jubile» à travers elle. Dans son quatorzième roman, l’écrivain haïtien continue à puiser à même la chair de Port-au-Prince des fragments de vie et de tragédies entendus au coin de la rue, tout en alternant ceux qui les racontent, la Veilleuse fantasmatique, un chroniqueur «au ventre rond» et une jeune étudiante volontaire. Entretien avec Lyonel Trouillot, qui était l’invité d’honneur du Salon du livre haïtien à Paris début décembre.
La colline du Calvaire existe-t-elle ?
Je me suis vaguement inspiré de celle du quartier du Bel-Air. Port-au-Prince est une ville de collines. On reconnaît dans le livre certains éléments : il y a eu un dispensaire assez célèbre, des miracles pour ceux qui y croient. Mais ce n’est ni ethnologique, ni géographique. Le lieu me permet de visiter la question de la prédation qui débouche sur du délabrement et la révolte des démunis. C’est la réalité haïtienne que je connais, mais ce n’est pas qu’en Haïti que vous avez des hommes qui t