Plutôt que de refaire une biographie du lieu, Aliette Martin nous fait découvrir «sa» Comédie-Française qu’elle fréquente depuis ses 6 ans. Dans l’ombre pendant quarante ans, de Pierre Dux à Eric Ruf, elle était le métronome de cette maison, chargée d’assister dans un premier temps la direction artistique puis la coordination de la salle Richelieu.
Au rythme de ses souvenirs, elle nous emmène aux côtés des metteurs en scène, des comédiens et des administrateurs. «J’ai beaucoup appris à leur écoute. Les êtres humains sont faillibles, mais je peux témoigner de la sincérité, de la rigueur que chacun s’efforce d’avoir.» Et de la persévérance : Francis Huster, héros tourmenté de Tchekhov dans la Mouette, a essayé un nombre incalculable de fois d’accéder au poste d’administrateur du théâtre. Si le ton ici est complaisant voire humoristique, à d’autres moments, il ne l’est pas. Aliette Martin n’hésite pas à dire les choses qu’elle réprouve et ne cache pas les moments de tension. Les colères du metteur en scène Robert Wilson lors de la création des Fables de La Fontaine ou encore les affrontements entre l’administratrice Muriel Mayette-Holtz – première à faire rentrer un auteur américain, Tennessee Williams – et le conseil d’administration