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Roman

Makenzy Orcel, Paris en «Somme»

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Une somme humaine», une traversée vue d’outre-tombe par l’auteur né à Haïti.
Makenzy Orcel. (Francesco Gattoni )
publié le 23 octobre 2022 à 11h18

Dira-t-on que le titre Une somme humaine est risqué ? Un peu ambitieux, à la gloutonnerie balzacienne ? Il désigne en réalité non seulement le roman que nous avons entre les mains, mais aussi un projet de son héroïne qui, jeune Provençale installée à Paris, entreprend d’enregistrer les conversations aux tables des cafés, dans les métros, etc. pour en faire une «somme». Elle l’annonce à la page 273 mais cela faisait un moment qu’on se disait, en parcourant les perspectives offertes par ce septième roman (nommé pour le Goncourt) de Makenzy Orcel, que celui-ci avait dû beaucoup noter sur le vif, écouter et retenir pour restituer avec autant de couleurs et sur une telle distance le «cœur exultant de la ville» et des humains.

L’intrigue n’importe pas vraiment, ou plutôt elle compile toutes les formes actuelles de notre douleur : inceste, migrants, racisme, terrorisme… Ce qu’on lit avant tout, c’est la netteté 8K des personnages, le sfumato de leurs sensations, des anecdotes frappantes et des cloisons coulissant sur des décors récursifs. Comme dans l’Ombre animale (Zulma, 2016), la narratrice est morte et parle d’outre-tombe. Suicidée, en l’occurrence. On retrouve «Makenzy» et «Orcel», qui jouent cette