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Malaparte à Capri, l’épris des lieux

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Pierre de Gasquet raconte la bâtisse aux 32 marches de l’écrivain italien sur l’île de Capri, qui servit de décor au «Mépris» de Godard.
La maison de Malaparte, partisan puis ennemi du fascisme. (Getty Images)
publié le 9 août 2023 à 11h43

Sa villa, située sur l’île de Capri, Curzio Malaparte (1898-1957) la surnommait la «casa matta», «la maison folle», ou encore la «casa comme me», «la maison qui me ressemble». Elle est austère, magnifique, moderne, célèbre, notamment grâce à son grand escalier extérieur, trapézoïdal (c’est-à-dire qui s’élargit à mesure qu’il monte) et à son toit-terrasse. Connue, elle l’est également parce que dans le Mépris, que Godard réalise en 1963, Michel Piccoli (Paul) monte à toute allure les 32 marches de l’escalier afin de retrouver Camille, jouée par Brigitte Bardot. Ces degrés, leur nombre (une marche de moins que l’âge du Christ), leur plan, c’est l’écrivain italien qui les a voulus et peut-être dessinés, de même qu’il a exigé qu’après sa mort la villa soit donnée à la république populaire de Chine et devienne une résidence pour écrivains chinois afin d’adoucir les relations entre l’Orient et l’Occident. Les héritiers de Malaparte ont refusé ce testament et la maison est restée à l’abandon, décrépite et sous scellés jusqu’au début des années 80. Ce ne fut d’ailleurs pas facile pour Godard d’y avoir accès.

Grand reporter aux Echos, Pierre de Gasquet réussit parfaitement à tresser le portrait d’un lieu mythique et celui d’un écrivain à la vie éparpillée dans des engagements forts, auteur de deux chefs-d’œuvre, Kaputt (1943) et la Peau (1949). Sous la plume de Gasquet, la pierre et l’humain s’emboîtent. Au fur et à mesure sont assemblés des m