Malgré. Au gré du mal. C’est ce dernier qui décide et, s’il vous plaît, ne pas invoquer ici le manichéen, le binaire, non, rester au corps du mal qui a mal. Des os et des mots qui le disent. Où ça fait mal est l’endroit où l’auteur écrit. Colin Lemoine prouve dans ce second roman que toute souffrance n’est pas bonne à dire mais, 170 pages plus loin, si belle. De la littérature ouverte, moderne, si classique au fond, allez ! Ici, peu de phrases courtes, quelques-unes, bien senties. Pas de lames autres que celles de chaque phrase, lames longues, effilées qui sortent de la chair de l’écrivain, sa blessure, et rejoignent celle du lecteur.
Du gourou ayurvédique aux serpents à sornettes
Il y a cette souffrance de vivre, d’être soi, seul au milieu des pestilences hospitalières, des linos gras, des civières déroutées et des protocoles trop propres pour être efficaces. Celui que le livre engage souffre. D’une souffrance qui est la maladie d’être, et pas seulement. Du dos cassé, des membres affaissés, des os sans raideur et des mots. Heureusement, la morphine furtive des mots. Le livre est de souffrance d’autant que la maladie n’a pas de nom. De diagnostic en absence de diagnostic, d’électromyogramme aux silences méprisants. Le «je» ne s’offre pas, il souffre. L’irréductible au cri serait la mort et rares sont les morts qui écrivent. Or le malade de soi est privé de soin, il erre, indigne, humilié, jamais rassuré, toujours à cran, il ne rêve que d’être au mieux un vivant, or il vit plus que les autres ma