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Jeudi polar

«Malheur aux vaincus», l’Algérie coloniale frappée au cœur

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Avec ce troisième roman, qui se passe à Alger en pleine affaire Dreyfus, entremêlant faits réels et romanesques, Gwenaël Bulteau se révèle comme un formidable auteur de polar historique.
Les rues d'Alger, en 1903. (ullstein bild Dtl./Getty Images)
publié le 11 juillet 2024 à 12h29

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Beaucoup a été écrit sur la guerre d’Algérie et l’accession du pays à l’indépendance, et aussi sur Alger comme capitale de la France libre durant la Seconde Guerre mondiale, mais assez peu sur l’Algérie à l’orée du XXe siècle, en pleine affaire Dreyfus, quand les riches colons se sentaient tout puissants, quand antisémitisme et racisme rongeaient les âmes et divisaient une société déjà profondément clivée. Avec Malheur aux vaincus (la Manufacture de livres), Gwenaël Bulteau nous précipite dans ce chaudron de haines, entremêlant deux événements tragiques que l’on suit d’abord en parallèle avant de les voir prendre un même sens.

On est en 1900 sur les hauteurs d’Alger, dans le quartier Mustapha. Dans une luxueuse villa ottomane appartenant à la famille Wandell, dont le patriarche a dirigé la puissante Banque coloniale, le lieutenant Julien Koestler découvre une scène de crime particulièrement sanglante. Dans le grand hall en marbre, un jeune couple gît au sol en tenue de soirée. Arthur Wandell, l’héritier, a reçu deux balles dans la tête et son épouse une balle dans le cœur. Dans le salon, un tirailleur soudanais touc