Marcel Cohen a été à bonne école. De sa tante Lily, modiste, qui adopta l’orphelin en 1945, il a appris qu’une vitrine de chapeaux répond à certains critères esthétiques. Nombre impair de coiffes, pas trop, pas trop peu. Le nombre cinq est idéal. Est-ce pour cela que cet adepte du fragment littéraire propose cinq portraits de femmes ? Il leur doit en tout cas beaucoup. Les quatre premières sont liées à son enfance ; la dernière, plus tard, lui fera entrevoir l’ailleurs, l’aventure. Des photos accompagnent chaque partie. Images en noir et blanc un peu figées que l’écriture anime.
L’écrivain octogénaire aime bien les chiffres romains. Il y a eu Faits II, III, Détails II et aujourd’hui Sur la scène intérieure II. Son œuvre est une construction solide et étrangement légère, compte tenu de son soubassement : l’absence. Celle de ses parents, de sa petite sœur de 7 mois, de ses grands-parents, d’un oncle, d’une grand-tante, tous tués par les nazis. Dans le volet I de la Scène intérieure, des objets – un violon, un jouet… –, vestiges photographiés de la vie de Marcel Cohen avant la déportation de sa famille, étayaient le récit de cette enfance parisienne foudroyée.
Cassures
Annette, la bonne de ses grands-parents,