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Littérature

Marcel Proust, ses premiers éditeurs à l’épreuve

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La publication de la «Correspondance» de l’écrivain avec Grasset et de «Lettres retrouvées» Proust-Gallimard met en avant des relations compliquées avec un auteur d’une susceptibilité record et corrigeant sans cesse son «work in progress».

Marcel Proust aux alentours de 1910 (à gauche) et Bernard Grasset en 1909. (Getty Images. Roger Viollet)
Publié le 03/10/2025 à 16h36

Longtemps il aurait fallu se lever de bonne heure pour lire Du côté de chez Swann. En 1912, André Gide, pour les éditions de la Nouvelle Revue française (futures Gallimard), refuse ce manuscrit qu’il n’a pas lu (ou si peu). En 1913, Bernard Grasset l’accepte sans l’avoir lu non plus. Pascal Fouché, qui édite à la fois la Correspondance Proust-Grasset et les Lettres retrouvées Proust-Gallimard, ajoute que Proust a aussi proposé son roman au Mercure de France, mais «il le défend tellement mal qu’Alfred Vallette […] le lui refuse sans même le lire». C’est d’autant plus ironique que si Proust, dans ses lettres, se mêle de la taille des volumes comme de celles des caractères ainsi que de la publicité et des affaires d’argent en général, c’est parce qu’il veut «être lu». Du côté de chez Swann paraîtra chez Grasset en 1913 et A l’ombre des jeunes filles en fleurs chez Gallimard en 1919. Et Proust se montrera un auteur doublement insupportable : par des corrections perpétuelles et une susceptibilité inhabituelle même chez un auteur. Et Bernard Grasset comme Gaston Gallimard supporteront, ayant compris l’envergure de l’écrivain.