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Margaret Atwood, la vie veuve

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«Promenons-nous dans les bois» rassemble quinze histoires de la romancière canadienne avec le deuil pour fil conducteur.
Margaret Atwood à Rome, en juillet 2023. (Maria Moratti/Getty Images)
publié le 15 décembre 2023 à 14h46

Une femme s’adresse à une autre femme. L’émettrice, Nell, répond à la lettre de condoléances de la destinataire, Stevie. Nell a perdu son mari et Stevie est plus jeune, «beaucoup plus jeune» que Nell. Comment répondre, se demande Nell – faut-il seulement répondre ? Margaret Atwood, qui aime les récits d’anticipation et les choix multiples, propose dans «Veuves», l’une des quinze nouvelles de ce recueil (marquant son retour à la fiction après une compilation d’interventions, Questions brûlantes, en 2022), deux options, et donc deux lettres. Première lettre : Nell dit à Stevie ce qu’elle a vraiment sur le cœur, à quel point il est ridicule d’écrire «J’espère que tu te portes bien» ou «Fais bien attention à toi» et combien certaines choses sont impossibles à entendre et à comprendre pour son amie, pour l’instant – oui, Tig existe encore, dans un repli du temps, «autant qu’avant». «Inutile de te dire, chère Stevie, que je ne t’enverrai pas cette lettre. Tu es sur l’autre berge du fleuve. Là où tu es, ton bien-aimé a toujours une forme tangible. Sur ma rive, les veuves.» Finalement, Nell rédige une