Elle a été conçue une nuit où la mer gelait. Est-ce pour cela que Miriam, personnage principal de cette Rhapsodie balkanique, devient une enfant indocile, envahie de visions étranges, et plus tard une femme décidée à braver les interdits du début du XXe siècle en Bulgarie ? Avec ce premier roman, la Bulgare Maria Kassimova-Moisset utilise les trajectoires de membres de sa famille et des situations qui ont existé. Et dans ce livre qui relate l’émancipation difficile d’une jeune fille chrétienne amoureuse d’un musulman, Miriam irradie de toute sa personnalité magnifique. Son fils aîné, Haalim, aussi, que l’on voit en petit garçon courageux vendre de l’eau devant une mosquée, à l’âge de 5 ou 6 ans. Miriam est le double de fiction de l’aïeule de l’autrice. Elle lui dédicace d’ailleurs son livre : «Je dédie cette histoire à l’âme intranquille et artistique de ma grand-mère Maria, la boulangère de Bourgas.» Et l’on peut se projeter ainsi au-delà de la fin du livre, avec son rebondissement consolateur sur un bateau reliant Istanbul à la Bulgarie.
Fratrie rescapée d’une hécatombe
Quand commence le roman en 1924, Miriam, sa mère d’origine grecque et son père vivent dans cette ville au bord de la mer Noire. Il y a aussi deux frères pêcheurs et une petite sœur pot de colle, fratrie rescapée d’une hécatombe : neuf autres enfants sont morts en bas âge. La belle Theotitsa, la mère, ne s’en est jamais remise, elle ne sourit jamais. Ce n’est pas le cas de Miriam, fille vue par le voisinage comme une sorcière.<