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Critique

Marianne et les femmes, trois siècles de conquête

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Deux ouvrages historiques explorent les liens entre femmes et République, du XVIIIe siècle à nos jours, en passant par le suffragisme.
Une réunion de suffragettes françaises, en 1908. (Photo12)
publié le 1er avril 2021 à 3h03

A quelques mois de l’élection présidentielle, deux ouvrages viennent heureusement rappeler les combats de Françaises pour acquérir les droits civiques. Qualifié d’universel depuis 1848, le suffrage – comme l’éligibilité – ne concerne de fait que les citoyens. Parce que celui-ci est malmené sous le Second Empire, il faut attendre la IIIe République pour que son inégalité genrée devienne aveuglante. En réaction, naît et se développe le mouvement suffragiste sur lequel revient Anne-Sarah Moalic.

En s’interrogeant sur les liens qui unissent la République et les femmes, depuis le XVIIIe siècle – avant donc qu’elle n’advienne – jusqu’à nos jours, ce collectif, formé de chercheuses réputées, de longue date, pour l’excellence de leurs travaux sur l’histoire des femmes et du genre, ne se limite pas au suffragisme. Il démontre qu’il est d’autres expressions de la citoyenneté pour contrecarrer la défiance des républicains, qui enferment leurs compatriotes dans la sphère privée, au nom de la nature féminine.

Le combat, a priori gagné, est suivi de désillusions

Cette étude déconstruit la complexité des relations, réciproques, qui séparent ou unissent République et femmes ; son analyse est servie par de nombreuses illustrations, véritables sources historiques. L’ouvrage montre que la spécificité française ne meurt pas avec l’acquisition, tardive en 1944, du droit de vote et d’éligibilité, énonçant les résistances à l’accession des citoyennes aux hautes instances de la République. Le combat, a priori gagné, est suivi de désillusions, effet de