Il y a vingt ans, dans cette même collection «Traits et portraits» où est publié aujourd’hui le Bon Denis, Marie NDiaye imaginait une existence jalonnée de «femmes en vert». Ces femmes étaient plus ou moins maléfiques, mais elles étaient nécessaires à l’équilibre de la narratrice. Contrairement à Autoportrait en vert, un homme est ici au centre : le père. Le père absent, le père à peine connu ou pas du tout, déjà croisé chez Marie NDiaye. Il se présente un jour à la porte du foyer naguère déserté, dans la pièce Papa doit manger.
Le Bon Denis contient quatre histoires, quatre variations. Une fille rend visite à sa mère qui perd la tête, dans un «établissement de premier ordre» dont elle garde bien de se plaindre tout en faisant comprendre qu’elle ne saurait s’y plaire. La mère est tour à tour indignée, «soupçonneuse, dissimulée», hostile ou indulgente envers sa pauvre fille. Le livre commence sur un désaccord. Avant que la mémoire de sa mère périclite, la narratrice aimerait avoir son point de vue sur une scène fondatrice. Elle n’avait pas 2 ans quand son père les abandonna, au grand désespoir de la mère, elle s’en souvient. Or, rien de tout cela n’a eu lieu, répèt