Le 12 mars 1832, un tonnerre d’applaudissements salue la création, à l’Opéra de Paris, de la Sylphide, œuvre de Philippe Taglioni, et la prestation de sa fille Marie dans le rôle-titre. Ainsi débute – rappelle cette étude, mention spéciale du prix Mnémosyne 2018 – le règne du ballet romantique. Sur de tout nouveaux chaussons de pointe, la ballerine impose un style original et gracieux et touche, dit-on, à la perfection : «taglioniser» signifie dès lors l’atteindre en danse. La danseuse doit son succès à la rupture qu’elle impose avec le conservatisme du Conservatoire de musique. Son innovation chorégraphique, orchestrée, comme sa carrière, par son père, met à l’honneur les héroïnes féminines, qui dominent dès lors la scène. A cette étoile, adulée par les «taglionistes», en conflit avec les «elsseristes» qui lui préfèrent sa rivale, Fanny Elsser, les danseurs peuvent donc reprocher leur évincement jusqu’à la révolution des ballets russes en 1909 et aussi, selon Serge Lifar, «la décadence de la danse», point de vue qui fait encore débat.
Les danseuses lui doivent, elles, leur essentialisation féminine des décennies durant, leur capacité à incarner de