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Mario Vargas Llosa en six livres, de «la Maison verte» à «Tours et détours de la vilaine fille»

L’écrivain péruvien, prix Nobel 2010 et dernier des géants latino-américains de la génération dite du «boom», est mort dimanche 13 avril à 89 ans. Tour d’horizon de son œuvre en six romans.
Des étudiants avec des livres de Mario Vargas Llosa à Lima le jour de la remise de son prix Nobel de littérature en décembre 2010. (Ernesto Benavides/AFP)
publié le 14 avril 2025 à 19h22

La Maison verte (1965)

L’évocation hallucinante – pleine du langage et des façons de parler de la campagne – d’un village éloigné, perdu dans la province péruvienne, un lieu dont le centre vital fut un bordel connu sous le nom de la «Maison verte». Publiée par Mario Vargas Llosa avant ses 30 ans, peu après son premier roman (la Ville et les Chiens, en 1963), l’épopée d’un réalisme aussi cru que magique est devenue l’un des textes fondateurs du «boom» latino-américain.

Traduit par Bernard Lesfargues. Gallimard «L’Imaginaire», 434 pp., 13 €.

Conversation à La Catedral (1969)

Dans une taverne des faubourgs de Lima, Santiago Zavala discute pendant quelques heures avec l’ancien chauffeur de son père, lequel a été, des années plus tôt, un hiérarque du pouvoir en place. Par une juxtaposition de flash-back, de conversations et de ruptures spatiotemporelles émerge le portrait d’une famille et d’une société corrompue, avec la dictature (1948-1956) du général Manuel Odría pour toile de fond. Son roman le plus ambitieux formellement.

Traduit par Albert Bensoussan et Anne-Marie Casès. Gallimard «Du monde entier», 640 pp., 26 €.

La Tante Julia et le Scribouillard (1977)

Tous les livres de Mario Vargas Llosa ne présentent pas un tableau désolant de l’Amérique latine. Certains, comme la Tante Julia et le Scribouillard, sont des œuvres ludiques, pleines de lumière et d’érotisme. Dans ce roman d’inspiration autobiographique écrit à la première personne, «Varguitas», 18 ans, fait la rencontre de sa tante par alliance, Julia, venue de Bolivie, de quinze ans son aînée, qu’il finira par épouser. Un apprentissage burlesque, dans le même registre que Pantaléon et les visiteuses (1973).

Traduit par Albert Bensoussan. Folio, 480 pp., 11,10 €.

La Guerre de la fin du monde (1981)

Dans cette fresque de 700 pages, l’écrivain réinvente l’histoire de Canudos, ville libertaire du nord-est du Brésil détruite dans le sang par l’armée en 1897. Sur la trame historique s’entrelacent de nombreux récits et personnages, dont des sans-terre – miséreux, prostituées, bandits – portés par un idéalisme radical que le pouvoir militaire entend étouffer. La cité rebelle résiste à trois opérations avant de succomber. Vargas Llosa tenait la Guerre de la fin du monde pour l’un de ses sommets.

Traduit par Albert Bensoussan. Folio, 704 pp., 13,30 €.

La Fête au bouc (2000)

La Fête au bouc est inspiré de la vie de Rafael Leónidas Trujillo, «le grand bienfaiteur», comme il s’était fait nommer, qui régna sur Saint-Domingue de 1930 au 30 mai 1961, date de son assassinat. Un chapitre sur trois raconte au passé la dernière journée du dictateur. Un autre tiers, à l’imparfait, est consacré à l’introspection des assassins de Trujillo tandis qu’ils attendent «la Bête». Au présent, enfin, une avocate new-yorkaise, fille d’un sénateur trujilliste, rentre en République dominicaine pour affronter son passé. D’un minutieux réalisme.

Traduit par Albert Bensoussan. Folio, 592 pp., 11,90 €.

Tours et détours de la vilaine fille (2006)

Au début des années 1950, le jeune Péruvien Ricardo Somocurcio tombe amoureux d’une «vilaine fille» baptisée Lily. Pendant quarante ans, d’un pays à l’autre, il ne cesse de la recroiser – pour une nuit, pour quelques mois –, mais elle s’échappe toujours, change d’identité, vit d’autres vies. Tours et détours de la vilaine fille est l’histoire d’un homme dont l’existence est entièrement déterminée par cette femme dure, égoïste, sauvage, ingrate, magnifique. Un hommage au surréalisme.

Traduit par Albert Bensoussan. Folio, 432 pp., 10,50 €.