Menu
Libération
Roman

Marlon James, romancier jamaïcain : «Je n’avais pas envie d’écrire de la fantasy en blackface»

Article réservé aux abonnés
Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Léopard noir, loup rouge», premier tome d’une trilogie, l’auteur jamaïcain à l’écriture électrique offre une littérature de l’imaginaire étonnante et enivrante, inspirée par la mythologie africaine et ses propres ascendances.
Marlon James, à Paris, le 6 octobre. (Martin Colombet/Libération)
publié le 28 octobre 2022 à 16h38

«Il y a bien longtemps, dans une jungle lointaine, très lointaine…» Ainsi aurait pu débuter Léopard noir, loup rouge, le nouveau roman du Jamaïcain Marlon James, le premier à se classer, selon son désir, au rayon littératures de l’imaginaire. Mais après une épigraphe menaçant en yoruba («bi oju ri enu a pamo», la bouche n’a pas à dire tout ce que les yeux voient), le roman préfère nous projeter brutalement dans la fureur d’un monologue rempli de démons, de corps à corps, et de sang noir.

Depuis une cellule où flotte «l’odeur de sang séché des hommes exécutés», un homme du nom de Pisteur se raconte à un inquisiteur. Un jour, alors qu’il n’était encore qu’un enfant, il est parti à la recherche d’un enfant déjà mort. En dépit d’une malédiction noircissant son ciel, il a croisé en chemin, puis fait équipe avec une sorcière et un léopard métamorphe, qui deviendra son amant. Ensemble, ils exploreront villes futuristes et marais maudits, défieront quelques puissants, échoueront, occiront des soldats, des monstres-vautours, des rois. Voilà pour la ligne directrice de Léopard noir, loup rouge, à peine perceptible dans une jungle touffue de mots et d’action ininterrompue, répandue sur près de 700 pages, qui n’est que le premier volume d’un cycle intitulé l’Etoile sombre, qui en comptera trois au bout du compte, chacun racontant in fine la même histoire, mais depuis trois points de vue différents.

A-t-on vraiment affaire à de la fantasy ? Marlon