Au téléphone, leurs voix résonnent parfois avec un léger écho, celui du décalage entre les Antilles et les Etats-Unis. Car ils sont nombreux, les satellites de la galaxie Maryse Condé qui habitent la Terre comme elle, en s’y promenant. Au point qu’«il a parfois été difficile de la suivre dans son itinéraire et ses cheminements», rappelle la critique littéraire Dominique Aurélia, maître de conférences en littérature caribéenne à l’Université des Antilles.
Malgré ce «rapport confus» avec le pays natal, «elle écrit toujours à partir de la Guadeloupe, et va la remettre au centre du monde, de son monde. Les années 2018 et le prix Nobel alternatif sont l’occasion d’un retour au cours duquel se rend compte de l’amour que lui porte ce pays».
Un apaisement, selon Dominique Aurélia, voire une réponse à la quête condéenne, que l’écrivaine Fabienne Kanor partage. «Je me suis toujours considérée comme une fille bâtarde de Maryse, dit celle qui lui a consacré un documentaire en 2019. De tous les auteurs afrocaribeens, c’est elle qui m’a le plus inspirée, dans cette manière de faire la vie et de faire la littérature qu’elle voulait faire, sans souci de rallier telle ou telle école de pensée. Elle a eu le culot de couper le cordon, le placenta, d’aller l’enterrer ou elle voulait et de le déterrer quand ça lui c