La Danse des pères est un livre «adougou-bien-bien», pour reprendre un terme de l’écrivain Max Lobe, fabriquant de mots et de boissons pétillantes maison. Avec ce nouveau roman paru chez Zoé, l’écrivain né à Douala en 1986 et devenu genevois continue de donner libre cours à son invention langagière. On croisera ici des mots tirés du bassa camerounais, de l’allemand à la sauce africaine, du pidgin anglais, du français de Suisse et d’ailleurs. Cet ouvrage, comme le précédent sorti en 2021, la Promesse de sa Phall’Excellence qui ciblait l’indétrônable couple présidentiel camerounais, est très rythmé.
Max Lobe dit que son livre danse, de même que son personnage principal. Celui-ci, prénommé Benjamin, vit en Suisse, s’est mis au classique sur le tard, il a des collants roses, des pointes, et aime le rouge à lèvres et le vernis à ongles, goût partagé par son auteur. La Danse des pères est un retour sur le passé camerounais du narrateur et surtout sur la figure de son géniteur défunt, un homme au large ventre qui dansait à la maison le funky-kossa-kossa. Il avait été adoré par son dernier-né jusqu’au reniement paternel pour cause d’homophobie. «J’essaye de me connecter au wifi de ma mémoire qui me projette loin, lorsque soudain me parviennent les couleurs, les senteurs, les voix de mon enfance, là-bas à Beedi, surtout celle de mon père, Kundè Di Gwet Njé