Michael McDowell s’est fait connaître en France au printemps 2022, quand parurent coup sur coup, à quinze jours d’intervalles, les six tomes d’une saga intitulée «Blackwater». Le pari était osé : passionner le lecteur français avec une fresque intergénérationnelle (et même surnaturelle) dans les ombres du bayou sur cinquante ans d’histoire américaine. Format poche, emballage soigné, mélo cruel et addictif, près d’un million d’exemplaires se sont écoulés en un an et demi au dernier bilan. Voici venu les Aiguilles d’or, publié aux Etats-Unis deux ans avant «Blackwater», en 1980. Même look rouge, doré et chic, même type d’illustration en relief signée Pedro Oyarbide, même flacon façon vintage remastérisé. L’ivresse agit aussi, Michael McDowell, mort en 1999 à 49 ans, savait écrire de la très bonne littérature populaire. Moins dépaysant que «Blackwater», les Aiguilles d’or entraînent dans les bas-fonds de New York. Le roman commence par le Nouvel An de grâce 1882 et un cadavre de jeune fille cédé à des carabins pour 7 dollars.
Qu’est-ce que «le triangle noir» ?
Une zone de New York située à l’ouest de MacDougal Street, bordée par Bleecker Street au nord et Canal Street au sud, est surnommée ainsi en raison de sa forme et de la quantité de crimes qui s’y commet. Le journal la Tribune s’est lancé dans une série d’articles sur la dépravation