Voici un petit livre courageux. Il a été inspiré à l’historienne Michelle Zancarini-Fournel par l’omniprésence de la figure de la sorcière dans les combats féministes actuels. L’«insurrection féministe devenue visible en 2017 avec #MeToo» s’est en effet accompagnée d’une célébration inédite des sorcières, dont rien ne témoigne mieux que l’immense succès public du livre de Mona Chollet, Sorcières, vendu à 400 000 exemplaires depuis 2018.
Sorcières était sous-titré «la puissance invaincue des femmes». Le livre a lui-même été suivi de la promotion des «femmes puissantes», pour reprendre le titre d’une émission de radio et d’un livre de la journaliste Léa Salamé. Or, relève Michelle Zancarini-Fournel, c’est un contresens historique : les femmes qui ont été condamnées pour sorcellerie, dans l’Europe des XVe-XVIIe siècles, étaient tout sauf des femmes puissantes. C’étaient «des victimes de querelles de voisinage, de dénonciations et d’arrestations débouchant sur l’av