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Détours

«Mille Images de Jérémie» de Clément Ribes, fragments d’amant

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Labyrinthe revendiqué, le roman de Clément Ribes, éditeur chez Gallimard, tente de cerner l’insaisissable Jérémie.
Loin d’être figé, «Mille Images de Jérémie» est rempli de déplacements, de détours, de filatures. (Mads Perch/Getty Images)
publié le 31 août 2024 à 7h00

«Qu’est-ce que c’était ? Une passion ? Un amour ? Une obsession érotique ? Ou une de mes inventions ?» En fragments, un homme raconte sa liaison avec un garçon, plus jeune que lui, sans qu’on sache très bien sur quel pied danser entre confession diariste, expérience vécue et réagencée ou franche projection fantasmatique. Le livre, devenu un classique, fut publié en 1989 chez Minuit : il s’appelle Fou de Vincent, il est d’Hervé Guibert. On l’entend en écho dans le premier roman de Clément Ribes, éditeur chez Gallimard (la collection «Scribes», comme son nom l’indique, c’est lui), titré Mille Images de Jérémie, avec son pitch approchant et son allure tout aussi morcelée. Page 218 : «Ce n’était pas de l’amour, non, ni une obsession, encore que, c’était plutôt…» Plus tôt, page 12 : «Derrière l’image de Jérémie se trouvait son image sale.» Saut à la ligne : «Elle était de mon invention – peut-être.»

Chaque fragment est numéroté, de 1 à 100, puis ça repart, et comme cela dix fois : au total, il y aura 1 000 images, 1 000 «images de Jérémie» pour tenter de cerner les contours de l’amant mystère. Or, si, comme l’écrit An