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Mireille Calle-Gruber, universitaire : «L’œuvre de Claude Simon, c’est une sorte de viatique»

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Le cahier Livres de Libédossier
L’universitaire explique comment la publication des deux premiers romans du Prix Nobel s’est faite avec l’intention de les «replacer dans le processus de l’écriture».
Claude Simon, chez lui, en 1981. (Ulf Andersen/Aurimages. AFP)
publié le 9 mai 2025 à 18h34

Universitaire et écrivain, spécialiste de la littérature française contemporaine, Mireille Calle-Gruber est à l’initiative de la réédition du Tricheur et de la Corde raide. Elle est l’autrice (Seuil, 2011), de Claude Simon, une vie à écrire.

Dans votre biographie de Claude Simon, vous écrivez que «respecter son refus de réédition n’est que juste». Qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ?

Lorsque, dans la biographie, j’en arrive à la conclusion qu’il faut respecter le refus de Claude Simon de rééditer ses premiers livres, c’est après avoir évoqué en détail sa position qui était nuancée, et notamment l’alternative par lui envisagée autorisant la réédition de ses premiers romans à certaines conditions. Je rappelle cette alternative dans la présentation du volume actuel. Claude Simon ne voulait pas que ses premiers ouvrages soient réédités séparément. Il acceptait la réédition à condition que ces livres soient intégrés dans la suite des œuvres ultérieures afin que, ainsi replacés dans le processus de l’écriture en devenir, ils montrent au lecteur l’évolution des motifs récurrents à l’aune du travail de la forme qu’il prisait tant.

C’est ainsi qu’en 1994, j’ai élaboré avec Claude Simon le projet d’une édition de ses Œuvres complètes en Pléiade en deux volumes, dont le premier comprenait tous ses romans depuis le Tricheur jusqu’au Palace - ou au moins, disait-il, jusqu’à la Route des Flandres