Vêtement brodé vert clair, Mohammed Alnaas est sapé comme un milord libyen. Dans un café près de l’Institut arabe, à Paris, où l’attend en ce début juin une rencontre avec des lecteurs, il détaille son habillement : pantalon, gilet et veste du même tissu, «c’est un peu comme votre costume trois-pièces», s’amuse l’écrivain né en 1991. Lauréat du prix international de la fiction arabe (délivré par la Booker Prize Foundation) il est d’un abord chaleureux et doux. Comme son personnage central ? Du pain sur la table de l’oncle Milad est une plongée dans le monde de la farine et du levain. Fils d’un maître-boulanger, Milad vit à l’époque de Kadhafi, c’est un être en marge, il aime les activités domestiques et s’accommode de ce statut tandis que Zeinab, son épouse, fait carrière à l’extérieur. Il se révélera plus complexe et tourmenté au fil des pages. Ce premier roman questionne avec humour les relations entre hommes et femmes dans une société où pèsent beaucoup de contraintes de genre. Mohammed Alnaas vit entre la Libye, près de Tripoli, et la Tunisie, son «deuxième pays».
Quand et comment avez-vous écrit ce roman ?
J’ai commencé en 2018, j’avais ce proverbe dans la tête, «une famille avec un oncle Milad» [«proverbe libyen utilisé pour blâmer un homme qui n’exerce pas son pouvoir sur les femmes dont il a la responsabilité et, ce faisant porte préjudice à leur honneur» indique le roman, ndlr], et ce dicton m’a donné l’envie d’imaginer une histoire.