«Ce Mignon si frisé qui sert d’homme et de femme /A votre esprit léger nouvellement surpris, /Il est votre Adonis, vous êtes sa Cyprie, /Il vous nomme son cœur, vous l’appelez votre âme.» Ces alexandrins amoureux, tirés de leur contexte, ont un petit quelque chose d’intemporel. L’érotique homosexuelle qui s’y déploie inspire une strophe à forte tonalité lyrique à leur auteur, un certain Philippe Desportes. Pourtant, ils ont déjà près de cinq siècles et le poète, abbé et conseiller du roi, contrairement à son célèbre contemporain de la Pléiade, Pierre de Ronsard, ne fustigeait pas lesdites mœurs des courtisans à la cour d’Henri III (1551 – 1589). Le géniteur des Premières œuvres (1573), recueil de poèmes profanes, procède néanmoins à l’allusion pour chanter une liaison entre deux hommes – on est dans l’incapacité de savoir si elle a été consommée.
Des vers d’une grande rareté chez les poètes hexagonaux d’avant la libération gay ? Pas tant que ça finalement, à feuilleter la première (et riche, et érudite, et orgiaque) anthologie chronologique de poésie française gay, parue mi-octobre, chez Seghers. Le bel ouvrage, d