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Mercredi pages jeunes

«Mon grand-père est un gangster», bandit sur le retour

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Dans ce roman pour enfants pas très moral, Napoli-le-Napolitain sort de taule mais paraît bien éloigné de la légende de caïd sans foi ni loi entretenue dans sa famille depuis tant d’années.
Une rue de Naples, en Italie, en décembre 2023. (Lorenzo Di Cola/NurPhoto. AFP)
publié le 19 juin 2024 à 13h06

La chourre, c’est de famille. Toni est plutôt branché bagnoles (pourries), Marco argent liquide, bijoux et petits machins à portée de main d’un enfant de 10 ans, quand Gina, leur mère, a un tropisme supermarchés. Même si elle n’hésite pas à aller racketter des lycéens pour un scooter si besoin – vu les vieilles tires que dégotte Toni, ça peut s’avérer utile. Mais la référence en matière de banditisme, le crack absolu, c’est le grand-père : Napoli-le-Napolitain.

Marco n’était pas né quand il a été envoyé en taule, mais il a grandi avec sa légende. Ancien braqueur, gérant d’un tripot clandestin et d’un hôtel de passe, c’est lui qui a sauvé Marseille de la répression, en poignardant le préfet Briquet avant de balancer son corps dans le Vieux-Port. Il a avoué, en a pris pour vingt ans ferme, mais sa réputation de caïd était faite.

Dans le salon, sa photo est encadrée au-dessus de la télé, pas très loin du petit musée de Marco, sorte de mausolée où il entrepose ses trésors : un cendrier Zidane, une photo de l’OM 1993 signée par tous les joueurs, un 45 tours de Bernard Tapie… Le petit garçon n’a jamais rencontré son aïeul, incarcéré à Toulouse, mais il paraît qu’il est aussi agile que lui pour faire les poches.

Une bière plutôt qu’une banque

Un soir qu’ils dînent distraitement devant le JT, Marco, Toni et Gina s’arrêtent net : Napoli-le-Napolitain va être libéré pour bonne conduite ! Dans deux jours ! Branle-bas de combat, il faut accueillir la vedette comme il se doit. Toni rêve de monter des coups avec son grand-père, Marco veut l’entendre raconter ses histoires de gangster. Mais pépé Napoli, 73 ans, s’avère bien loin de l’image cultivée durant toutes ces années. Il s’emmêle les pinceaux, n’a d’yeux que pour une petite chienne et préfère boire une bière plutôt que braquer une banque. Mais qu’est-ce qui lui est arrivé ?

Ne comptez pas sur Mon grand-père est un gangster, le roman de Guillaume Guéraud, pour inculquer valeurs et morale aux enfants. Marco et sa famille parlent comme des charretiers, volent, ne respectent rien ni personne. Seule compte leur survie, garantie par leur débrouillardise. C’est précisément ce qui les rend attachants, eux qui vivent en marge, repliés sur leur clan. Le retour du vénéré papy, clairement pas à la hauteur des attentes, nourrit les interrogations et pousse à engloutir les pages pour y voir plus clair.

Guillaume Guéraud, Mon grand-père est un gangster, Rouergue, 128 pp., 9,80 €. A partir de 9 ans.