Vous connaissez forcément Edmond Dantès, ce jeune homme jeté en prison, en 1815, à la suite d’une dénonciation calomnieuse, puis devenu formidablement riche, après son évasion, grâce au trésor légué par l’homme auprès de qui il était injustement emprisonné, l’abbé Faria. Vous savez que lorsque Edmond Dantès réapparaît, sous le règne de Louis-Philippe, c’est sous les traits du comte de Monte-Cristo. Vous avez suivi, dans le roman d’Alexandre Dumas ou dans l’une ou l’autre de ses innombrables adaptations, la façon dont Edmond Dantès devenu Monte-Cristo utilise sa fortune pour se venger des responsables de son emprisonnement, ses anciens amis devenus notables de la monarchie de Juillet : Gérard de Villefort, l’ancien substitut de Marseille, désormais procureur du roi à Paris ; Fernand Mondego, devenu comte de Morcerf, qui a épousé la promise d’Edmond Dantès et siège maintenant à la Chambre des pairs ; le baron Danglars, enfin, banquier si vil et méprisable que la légende raconte que Dumas a pour cette raison refusé de lui donner un prénom. Vous avez joui, sans doute, de la vengeance de Monte-Cristo.
Cela fut longtemps le cas aussi de Caroline Julliot, spécialiste de la littérature de l’époque romantique. Comme beaucoup d’entre nous, elle s’est étourdie des rebondissements du roman de Dumas. Elle s’est persuadée que les actions du