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Disparition

Mort de Bernard Pivot : la vigne entre les lignes

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S’il a consacré sa vie à la littérature, l’animateur, mort ce lundi 6 mai à 89 ans, était un ambassadeur reconnu du monde du vin, et notamment du beaujolais, qu’il défendait aussi ardemment qu’il était mal aimé.
Lors de vendanges chez son frère en septembre 1994. (Micheline Pelletier/Sygma. Getty Images)
publié le 6 mai 2024 à 17h52

Bernard Pivot aimait le vin et la littérature. La feuille de vigne comme la feuille de papier qui étaient pour lui des promesses comme il l’écrivait dans son Dictionnaire amoureux du vin (1) : «Pour l’une la promesse du raisin et du vin, pour l’autre la promesse des mots et du texte. Tous les deux requièrent de l’homme beaucoup de travail. Tous les deux annoncent des plaisirs : boire et lire.»

La vigne est donc au vin ce que la page blanche est à l’écriture. Un commencement nourri par un sentiment, un vécu, une illumination, une aube, une gelée blanche, une terre argileuse, un vélin immaculé, un clavier nicotiné. Tout cela concourt à un climat, celui d’un roman, d’une appellation. Et là encore, il ne s’agit pas d’une coïncidence. Bernard Pivot fut le président du comité de soutien des climats du vignoble de Bourgogne, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco, dont il disait: «En Bourgogne, quand on parle d’un climat, on ne lève pas les yeux au ciel, on les baisse sur la terre.» Car là-bas, on ne parle pas du gris du ciel quand il s’agit de climat, mais de la terre et des hommes qui font les vins. De Dijon à Santenay, au sud de Beaune, il y a ainsi plus de mille climats qui désignent autant de parcelles de vignes, délimitées depuis des lustres, et associant un sous-sol, une histoire, un cépage, un savoir-faire et des conditions climatiques.

Dans son Dictionnaire, il écrivait encore : «Les vignerons sont des auteurs, des artisans, des artistes. L