L’écrivaine irlandaise Edna O’Brien est morte «paisiblement samedi 27 juillet après une longue maladie» à 93 ans, ont annoncé ce dimanche 28 juillet son agente, Caroline Michel, et sa maison d’édition, Faber. Elle est connue pour avoir introduit dans la littérature de son pays une parole rebelle et féministe.
It is with great sadness that Caroline Michel at PFD and Faber announce the death of beloved author Edna O’Brien. She died peacefully on Saturday 27 July after a long illness. Our thoughts are with her family and friends, in particular her sons Marcus and Carlo. The family has… pic.twitter.com/mU2z5BsZiC
— Faber Books (@FaberBooks) July 28, 2024
«Edna O’Brien était l’une des plus grandes écrivaines de notre époque», «elle a révolutionné la littérature irlandaise, saisissant la vie des femmes et les complexités de la condition humaine dans une prose qui était lumineuse et simple, et qui a eu une influence profonde sur tant d’écrivains qui l’ont suivie», écrit sur son compte X l’éditeur Faber. Le président irlandais Michael D. Higgins l’a décrite comme «l’un des écrivains les plus exceptionnels des temps modernes», rendant hommage dans un communiqué à une auteure «superbe», dotée du «courage moral de confronter la société irlandaise avec des réalités longtemps ignorées», une «diseuse de vérités sans peur».
Des œuvres interdites à Dublin
Deux fois finaliste en France des prix Médicis et Femina étrangers pour son autobiographie Fille de la campagne (2013) et son roman les Petites Chaises rouges (2016), l’Irlandaise avait reçu en 2018 le Nabokov Award for Achievement in International Literature, l’un des plus prestigieux prix américains PEN, pour «avoir abattu les barrières sociales et sexuelles élevées contre les femmes en Irlande et bien au-delà». Le jury du prix Femina lui avait décerné un prix spécial pour l’ensemble de son œuvre en 2019.
Son premier roman, les Filles de la campagne, histoire de l’initiation sexuelle de deux jeunes filles, provoque en 1960 un scandale dans son pays natal. Il est proscrit des librairies de Dublin et parfois brûlé pour «manque de religion et pornographie». Les six suivants connaîtront le même sort. Dans sa vingtaine de romans, l’Irlandaise dépeint son pays comme un personnage violent et arriéré. De sa langue crue et lyrique, elle sonde l’intimité de femmes sacrifiées par une éducation qu’elle juge répressive et moyenâgeuse.