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Disparition

Mort de Mario Vargas Llosa, la magie du «scribouillard»

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Monument de la littérature sud-américaine, prix Nobel 2010 et figure majeure du monde intellectuel hispanique, l’écrivain péruvien, virtuose de la narration et du réalisme, est mort dimanche 13 avril à Lima. Il avait 89 ans.
Mario Vargas Llosa, en novembre 2010, à Madrid. Il venait tout juste de recevoir le prix Nobel de littérature. (Pierre-Philippe Marcou/AFP)
publié le 14 avril 2025 à 6h09

Comme El País lui demandait en février 2023 s’il se repentait de quelque chose, Mario Vargas Llosa eut cette réponse qui le caractérise bien : «Je ne me repens de rien, absolument.» Edith Piaf n’aurait pas dit mieux, mais elle ne l’aurait pas chanté sur le même ton. La réponse de l’écrivain péruvien, naturalisé espagnol, devait être dite sans trémolo, avec un orgueil placide et une certaine fantaisie, accompagnée de son envahissant sourire, râtelier d’une réussite littéraire et sociale presque absolue, mais pas seulement. Comme je lui disais, en novembre 2015, que j’avais eu la chance d’avoir déjà beaucoup vécu quand les balles des frères Kouachi m’avaient touché, ce sourire féroce et gourmand avait fleuri et il m’avait répondu : «Et il te reste beaucoup à vivre !» Peu d’écrivains ont décrit aussi bien la violence du pouvoir et les serviteurs de la mort. Mais l’homme, lui, était insolemment du côté de la vie, d’un enthousiasme presque minéral. Pour qui subissait l’exil ou revenait d’un quelconque enfer, c’était un homme accueillant et réconfortant. Le dernier des géants latino-américains de la génération dite du «boom» est mort ce dimanche 13 avril à Lima, à 89 ans.

Son parcours politique, journalistique et, vers la fin, à sensation (il a vécu huit ans avec Isabel Preysler, ancien mannequin et ex-épouse de Julio Iglesias, le faisant basculer à 80 ans dans la rubrique people), son libéralisme prêché à temps et à contretemps, son goût des honneurs, les plus