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Disparition

Mort de Ngugi wa Thiong’o, la voie kikuyue

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Le romancier et dramaturge ­kényan est mort le 28 mai aux Etats-Unis, à l’âge de 87 ans.
Ngugi Wa Thiong’o, à Venise en 2018. (Simone Padovani/Getty Images)
publié le 6 juin 2025 à 13h33

Né à «l’ombre d’une guerre» au Kenya en janvier 1938, Ngugi Wa Thiong’o est mort en exil aux Etats-Unis le 28 mai. En novembre, chaque année, à l’approche de l’annonce du Nobel de littérature, son nom circulait dans les pronostics. L’écrivain d’origine kikuyue était considéré comme une figure majeure de la littérature d’Afrique de l’Est, qui avait été emprisonnée pour ses écrits. Ngugi wa Thiong’o avait compris intuitivement très jeune combien la plume pouvait déranger le pouvoir. Dans le premier tome de ses mémoires, Rêver en temps de guerre, paru en français en 2022 (1), il rapporte une discussion entre lui et son ami Kenneth. Il lui confie qu’il rêve d’écrire des histoires du genre de l’Ile au trésor, «mais que pour cela, il fallait une autorisation». Pas besoin d’autorisation, lui dit Kenneth. «Je lui opposais que si quelqu’un écrivait sans permission, il serait très certainement arrêté.»

Cela se passait près de Limuru, au nord de Nairobi, là où Ngugi a grandi, cinquième fils de la troisième des quatre femmes de son père, dans une famille paysanne de vingt-quatre enfants, près d’une plantation détenue par des blancs où ses frères et sœurs ramassaient l