Un jour, Edna O’Brien a dit à son agent : «Quand je serai morte, des horreurs vont être écrites sur moi.» L’écrivaine repoussait tous les biographes qui l’approchaient. «Fais-le toi-même», lui a intimé son agent. Elle a passé trois ans à remonter à la source de ses souvenirs, parfois dans la douleur et, à 82 ans, elle a publié Fille de la campagne (2012), Edna par Edna en somme. «Toutes les choses qui ont compté dans ma vie sont là.» La grande dame des lettres irlandaises, femme de tempérament et intrépide à sa manière, a succombé à la maladie samedi 27 juillet à l’âge de 93 ans, et qui sait si elle apprécierait tout ce qui s’écrit sur elle depuis. Heureusement, ses propres mémoires existent désormais, plus une bonne vingtaine de fictions, cinq pièces de théâtre, des essais, une biographie de Joyce… Jusqu’à Femmes de Joyce, son ultime pièce représentée à l’Abbey Theatre de Dublin à l’automne 2022, un portrait par ses proches de son compatriote écrivain. Soixante -dix ans plus tôt, la lecture de Portrait de l’artiste en jeune homme avait fait comprendre à Edna O’Brien qu’elle voulait consacrer le reste de sa vie à la littérature.
Née le 15 décembre 1930 à Tuamgraney, dans le comté de Clare, Edna était la plus jeune d’une famille de quatre enfants avec un père alcoolique et violent, une mère «médiévalement» religie