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Lectrice, lecteur, tu es prié(e) d’apprécier l’effort. Avaler près de 600 pages en écriture serrée alors que tant de livres formidables nous tendent leur couverture accrocheuse dans l’espoir d’être saisis, c’est une prouesse. On a un peu râlé au début, le livre était trop gros, trop compliqué, on se perdait dans les personnages et les acronymes des officines, on n’arriverait jamais au bout, c’était du temps de lecture perdu, et puis on a arrêté de résister, on s’est laissé envahir par le plaisir de retrouver tous les codes du roman d’espionnage et de ressentir ce petit pincement d’excitation à chaque cliffhanger car ce roman en recèle des tonnes, c’est le genre de polar qui est fait pour ça : vous happer et ne plus vous lâcher.
Le titre, Moscou X, donne le ton. Moscou est au centre d’un jeu pervers et cruel qui va faire des morts, on le sait depuis le début. Et on a été d’autant plus embarquée par ce livre qu’on l’a lu en Pologne, entre deux pirojkis et un morceau de pain noir. Deux femmes vont se déchirer puis s’allier pour faire chuter le conseiller le plus proche de Vladimir Poutine (qu’on appelle le «khozyain»), l’homme qui fait tampon entre le président russe et le monde extérieur, jusqu’à bâtir une réalité parallèle faite de magouilles et de trahisons : Vassili Platonovitch Grusev, dit «la Grue», ancien directeur du FSB, et actuel secrétaire du Conseil de sécurité. Car celui-ci a fait une erreur, une grossière erreur : il a demandé au lieutenant-colonel Konstantin Konstantinovitch Tchernov, du FSB, de transférer dans son propre coffre-fort 221 lingots d’or d’une banque dont l’actionnaire principal est un certain Andreï Agapov. Qui comprend immédiatement qu’il n’est plus en odeur de sainteté au Kremlin et que ses jours sont comptés. Mais ce que «la Grue» n’avait pas prévu, c’est que la fille d’Agapov, Anna Agapova, agent du SVR (services secrets russes), folle de rage de voir son père floué, va se retourner contre les autorités russes. Et trouver une alliée en la personne de Sia Fox, agente de la CIA travaillant sous la couverture d’avocate londonienne spécialisée dans la dissimulation des avoirs financiers des super-riches. Ces deux-là vont fomenter un complot sous la houlette d’une troisième femme forte, Artemis Aphrodite Procter, ancienne cheffe de station de Douchanbé, au Tadjikistan, rapatriée fissa au siège de Langley après avoir été victime d’un kompromat (diffusion d’un document compromettant). Elle aurait pu être virée, elle écope finalement, à sa demande, de la direction de «Moscou X», «la nouvelle arrière-boutique qui gère tous les coups tordus contre la Russie.» Lectrice, lecteur, on ne t’explique pas la suite, c’est trop compliqué à résumer, mieux vaut le découvrir au fil des pages, sache juste que tu auras besoin d’au moins trois jours de RTT pour arriver au bout mais ça vaut le coup. Ce n’est pas un futur Goncourt mais c’est écrit de façon fluide et ça t’embarque loin tout en te plongeant dans l’actualité immédiate.