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Libération
Librairie éphémère

Mourir, cela n’est pas rien

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Après «Une amie de la famille», Jean-Marie Laclavetine poursuit dans «la Vie des morts» son dialogue avec sa sœur disparue il y a cinquante ans.
Annie avec ses frères Bernard et Dominique sur les rochers de Biarritz (photo peut-être prise par Jean-Marie Laclavetine avec son premier Kodak) vers 1965. (Jacques Bories)
par Emma Libert, horticultrice
publié le 2 avril 2021 à 21h41

Il y a cette photo d’elle sur le bandeau de la couverture, en maillot de bain sur la plage, souriante. Juste en dessous du titre a priori sinistre : La Vie des morts. J’avais apprécié le précédent livre de Jean-Marie Laclavetine, Une amie de la famille, un récit très intime et une enquête sur la disparition de sa sœur Annie le 1er novembre 1968, emportée à 20 ans par une vague à Biarritz. Il soulevait le couvercle sur un silence de cinquante ans qui était tombé sur la famille, avec pudeur et humour. C’est Annie qui nous sourit encore. Son frère a eu envie de continuer à la faire revivre – c’est incroyable de penser qu’elle aurait 72 ans si elle n’avait pas été fauchée par une lame basque – pour raconter ce qui a suivi la publication du précédent. C’est frappant : cette histoire a suscité de nombreuses lettres et témoignages. Des gens lui ont dit combien cela avait fait écho à leur vécu, la perte d’un enfant ou d’une sœur. Laclavetine le dit aussi : les livres offrent des «correspondances délicates», c’est le reflet de sa propre existence que le lecteur peut rencontrer dans un récit ou un roman. Ce n’est pas anodin s’il commence par parler de sa passion pour les livres d’Alexandre Dumas. Dans sa tristesse douloureuse quand Porthos meurt, il a pris conscience alors de « la puissance d’incarnation de la littérature ». La disparition de sa sœur «a modifié inéluctablement la trajectoire de ma vie», dit-il aussi. Elle l’a fait quelque part naître