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Libération
Critique

«’Ndrangheta», sur la route de la «pieuvre»

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En sillonnant la nationale 106 italienne, territoire de la mafia calabraise, le journaliste d’investigation Antonio Talia dissèque dans un livre-enquête saisissant l’histoire, la structure et les financements de l’organisation criminelle «la plus puissante et la plus riche d’Europe», au cœur d’un gigantesque procès depuis janvier.
Des carabiniers tentent d’appréhender des membres de la ’Ndrangheta, sur un barrage policier à Reggio de Calabre, en 1977. (Gianni Giansanti/Gamma-Rapho via Getty Images)
publié le 15 avril 2021 à 1h25

Elle serpente. Lèche le littoral. Grignote les hauteurs. S’immisce au cœur des places et des campagnes. C’est la nationale 106, qui sillonne la Calabre, la Basilicate et les Pouilles. Niché tout en bas de la botte italienne, ce ruban d’asphalte semble n’être que la fine colonne vertébrale tordue d’un Sud italien perdu. Il le relie pourtant à la planète entière, à un monde criminel sans frontières.

«La route nationale 106 n’est pas une simple route côtière : c’est une abomination statistique de dimension internationale, écrit le journaliste d’investigation Antonio Talia en ouverture de son grand voyage au cœur de la ’Ndrangheta. On ne trouve nulle part au monde la même densité de crimes que celle qui se concentre sur les 104 kilomètres séparant Reggio de Calabre et Siderno.»

Si des faits divers sanglants, le cinéma, sans parler du folklore ont raconté tant de faits et de frasques de Cosa Nostra, si Roberto Saviano a magistralement mis en scène la Camorra napolitaine dans Gomorra, très peu de livres et d’enquêtes se sont immergés dans les activités et l’histoire de la ’Ndrangheta, la «mafia la plus puissante et la plus riche d’Europe», selon le procureur de Catanzaro Nicola Gratteri. Le périple-enquête d’Antonio Talia arriv