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Recueil

«Ne me demande jamais», cadence Ginzburg

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Un recueil savoureux d’essais autobiographiques et critiques de l’écrivaine italienne Natalia Ginzburg.
Natalia Ginzburg. (Getty Images)
publié le 25 mai 2024 à 2h03

Rien de plus ordinaire que de chercher à acheter sa propre maison. Pas pour Natalia Ginzburg. Elle veut en trouver une qui soit comme l’appartement qu’elle loue avec son mari, où elle a creusé sa tanière. «Une tanière où, quand j’étais triste, je me terrais comme un chien malade, buvant mes larmes, léchant mes plaies. Je m’y sentais comme dans une vieille chaussette.» Trouver une autre vieille chaussette à Rome devient toute une histoire. D’abord son mari la laisse s’en occuper seule, puis il s’en mêle, et ils s’aperçoivent rapidement que leur désir est contraire : elle rêve d’un rez-de-chaussée avec de la végétation, lui d’habiter en hauteur avec la vue sur les toits de Rome.

«La Maison», le premier texte de Ne me demande jamais, se déroule sur dix-sept pages, sans qu’on ne soit jamais saoulé par les revirements successifs de l’acheteuse. Le suspens tient même en haleine. Comme dans les Petites Vertus (Ypsilon, 2018), qui rassemble des articles parus dans différents journaux et revues, on devine une forte personnalité dans ce recueil publié en 1989 et traduit pour la première fois. Les réflexions autobiographiques et critiques sur la société italienne de la seconde moitié des années 60 ne semblent pas caduques. Le lecteur saisit dans presque chacune des trente-deux chroniques du livre – sur la vieillesse, la psychanalyse, Emily Dickinson, les voyageurs, la solitude de l’enfance, l’écriture, etc. – des images inattendues et des pensées qui sont comme des