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Libération
Le Libé des historien·nes

«Nerona», blonde latine et menace brune

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Hélène Frappat crée à partir des autocrates de tout temps une dictatrice qui n’a rien à leur envier.

Giorgia Meloni à Rome, en septembre 2022. (Antonio Masiello/Getty Images)
Par
Sarah Rey
Maîtresse de conférences à l'université de Valenciennes
Publié le 09/10/2025 à 4h42

A l’occasion des «Rendez-vous de l’histoire», qui se tiennent à Blois du 8 au 12 octobre 2025, les journalistes de Libération invitent une trentaine d’historiens pour porter un autre regard sur l’actualité. Retrouvez ce numéro spécial en kiosque jeudi 9 octobre et tous les articles de cette édition dans ce dossier.

Dans ce roman, la clé paraît aussi facile à trouver que chez Brecht. Prenez une dirigeante blonde autoritaire, que la démagogie n’effraie pas. Elle s’appelle Nerona et on la verrait bien scander son prénom dans des discours véhéments. Elle affronte le problème des migrants de manière spectaculaire et dialogue avec la présidente de la Commission européenne. Comme un serpent avale un œuf, elle digère tranquillement son Gramsci et veut être la seule détentrice de l’hégémonie culturelle. Par décret, Nerona est «Monsieur le Prince», là où une autre femme d’Etat qui n’est pas de fiction tient au titre masculin de «Président du Conseil». Décidément, on l’imaginerait parfaitement exercer de hautes charges de l’autre côté des Alpes, si seulement Hélène Frappat ne préférait brouiller les pistes. Son héroïne est faite de tous les leaders populistes d’aujourd’hui.

La revanche d’une blonde

Tout «prince» qu’elle est, Nerona n’en reste pas moins femme : elle célèbre, avec des sanglots dans la voix, la maternité et la sororité. Sur la question du genre, elle s’emmêle régulièrement les pince