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Roman

Nicole Flattery, le dit d’Andy

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Le cahier Livres de Libédossier
Dans «Rien de spécial», une fille observe la Factory de Warhol comme Fabrice à Waterloo.
Andy Warhol à la Factory. (Jack Mitchell/Getty Images)
publié le 31 mai 2024 à 14h34

Mae, l’héroïne et narratrice de ce roman, raconte avec une fausse paresse son immersion dans la Factory d’Andy Warhol, à New York, entre 1966 et 1967. Elle ne fait pas partie des filles alanguies sur les canapés : jeune à l’époque et déscolarisée, Mae se retrouve, par un concours de circonstances, employée au service du maître des lieux pour retranscrire, sur place, des enregistrements. Sur des cassettes a été consigné ce qui s’est dit dans «l’Atelier», les soupirs, les plaintes, les critiques des uns sur les autres, souvent après des abus de substances. De cette retranscription, Andy Warhol a composé un livre intitulé a : A novel. Pour ce travail, Mae fut payée au lance-pierre. Ceci est une histoire vraie. Mais ce premier roman compte d’autres trames narratives, notamment les relations entre Mae et sa mère, qu’elle a détestée et qui est sur le point de mourir, en 2010.

«Avec des feuilles mortes dans les cheveux»

Mae dans la Factory, c’est Fabrice à Waterloo. Elle ne décrit pas ce qui se passe, elle évoque les gens qui baisent sous ses yeux, les allées et venues, les disputes. Mais grâce à ce regard apparemment désinvolte et naïf, l’autrice, une Irlandaise née en 1989, accomplit une merveille : elle baigne le lecteur dans la piscine du «Pape» du pop art, piscine poisseuse et acide dont elle extrait la valeur documentaire sans éclabousser les pages de l’indélicatesse environnante. On voit ici «des filles maquillées qui débarquaient avec des feuilles mortes dans les cheveux et s’asseyaient sur les