Bon poids, 564 pages, et ce n’est qu’un hors-d’œuvre. Eric-Emmanuel Schmitt se lance dans une saga façon XIXe siècle avec emballage générique et grandiloquent, «La Traversée des temps». Le premier volume a un intitulé biblique, Paradis perdus. Cette folie (ce «projet fou» dit-il lui-même), en comptera huit au total, entreprise pas si écervelée que ça puisqu’elle est établie de façon programmatique et sans doute contractuelle : un par an jusqu’en 2028, ce qui est à peu près déjà le rythme de publication de ce normalien et théâtreux à grand succès. On sait déjà vers où vaqueront les sept tomes à venir, Babel et Mésopotamie, l’Egypte des pharaons, la Grèce antique, Rome et la naissance du christianisme, l’Europe médiévale, la Renaissance et la découverte des Amériques, révolutions modernes. Cette idée de raconter l’histoire de l’humanité depuis ses origines sous forme romanesque lui serait venue à 25 ans, et il en a 61 ce dimanche d’après Wikipédia. «Comme si Yuval Noah Harari croisait Alexandre Dumas…» vante l’éditeur.
1. Roman ?
Inutile de dire que pour tenir le lecteur sur la longueur et l’amplitude temporelle annoncée, il faut de bons personnages, de l’amour et du sang. Le fil rouge de cette fresque qui brasse les milliers d’années tient sur les épaules de Noam, alias Noé. Oui, c’est bien l’homme du Déluge, celui-ci sera revisité par l’auteur dans la deuxième partie. Nous sommes au néolithique dans un village au bord d’un lac, dirigé par le père de Noam, Pannoam. L