Tania de Montaigne m’a giflée. En mai dernier, je l’ai découverte par hasard lors d’une séance de dédicace de son livre Noire à la bibliothèque de Beaubourg. Dans ce roman, l’autrice revient sur la vie méconnue de Claudette Colvin, née en 1939, et sur le mouvement des droits civiques des Afro-Américains dans les années 50. Elle y décrit ce que signifie être «noire» en Alabama et de vouloir prendre le bus. Un simple bus. Il faut toujours passer par la porte du fond, cédant forcément sa place si un blanc vient à en manquer. Le 2 mars 1955, Claudette Colvin s’y refuse. «Lève-toi ! Donne-moi ce siège !» ordonne le chauffeur. Claudette reste assise. Elle qui se «rêvait avocate pourfendant les lois ségrégationnistes», la voilà embarquée par la police. Elle a 15 ans.
Soutenue par Rosa Parks, secrétaire de la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People) et Jo Ann Gibson Robinson, membre du WPC (Women’s Political Council), elle plaidera non coupable au procès. Claudette est innocente mais inculpée. A 15 ans, pour elle, «l’horizon est un champ de ruines». Le 1er décembre 1955, c’est au tour de