En août 1949, il y a eu des orages aux portes des Rocheuses, dans le Montana. C’est un endroit où la prairie rencontre la montagne dans des dimensions bibliques. L’orage dont la foudre «a déclenché l’incendie de Mann Gulch est passé par-dessus le ravin et, le lendemain, à la fin de la journée la plus chaude jamais enregistrée dans la région d’Helena, treize pompiers parachutistes étaient morts». Ils étaient quinze à sauter sur une colline, le 5 août, en amont du puissant fleuve Missouri et du feu. Treize d’entre eux avaient entre 17 et 23 ans. De braves gamins solides, entraînés, pleins de «fierté» et de «romantisme», qui allaient au feu sans hésiter : «Certains semblent nés pour secourir les autres, comme les poètes». Ils furent surpris par ce qu’ils ne pouvaient affronter : un accident thermique. En résumé, un changement de sens et une explosion du feu, dus à un orage sans pluie, à la topographie pleine d’obstacles de la zone et à la manière dont le vent, en heurtant ceux-ci, s’est divisé et s’est mis à tournoyer. Quand le feu avance à la vitesse du vent et qu’il a 80 mètres de profondeur, le traverser est impossible et lui échapper relève de la chance plus que de l’endurance. La seule chose à faire est de «décamper le plus vite possible». Mais il arrive que ça ne suffise pas. On ne savait pas trop, à l’époque, anticiper ces accidents.
Rien n’est plus perturbant que de vivre un incendie de forêt : c’est le grand dérèglement de tous les sen