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Critique

Nostradamus, contes d’apothicaire

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«Lunatique fol» ou «génie visionnaire» ? Professeure de langue française à la Sorbonne, Mireille Huchon dresse une biographie du célèbre astrologue qui démêle l’écheveau d’informations contradictoires et faire apparaître la figure de l’homme derrière le mythe.
Image d'Epinal représentant Nostradamus, XIXe siècle. (Bridgeman Images)
publié le 10 mars 2021 à 19h51

En moins d’une seconde, le moteur de recherche trouve 9,5 millions de résultats – contre 3,5 millions pour «Galilée» et 2 millions pour «Copernic». Une vraie star du Web. Il est vrai que sa sapience et sa clairvoyance semblent si grandes qu’elles lui ont permis de quasiment tout prévoir : d’abord sa propre mort (mais seulement la veille), puis la mort en duel d’Henri II («Le Lyon jeune, le vieux surmontera, /En champ bellique par singulière duelle, /Dans cage d’or les yeux lui crèvera, /Deux classes, une puis mourir de mort cruelle»), l’incendie de Londres, l’arrestation de Louis XVI à Varennes, le règne de Napoléon, le maréchal Pétain («D’un chef vieillard naistra sens hébété, /Degenerant par scavoir et par armes : /Le chef de France par sa sœur redouté, /Champs divisés, concédez aux gendarmes»), Hiroshima, le nazisme, l’attentat contre Jean-Paul II, les attaques terroristes, et, évidemment, le coronavirus - si du moins une savante exégèse fait entendre le sens du quatrain : «Pau, Verone, Vicenne, Sarragousse /De glaiues poings, terroirs de sang humides /Peste si grande viendra à la grande gousse, /Proche secours, & bien loin les remèdes.»

Il est difficile de dire qui était Nostradamus. Ce qui est sûr, c’est que, de son vivant, appliqué à «prophétizer par les nocturnes et célestes lumières», il connut déjà la gloire, sans cesse accrue par les légendes, l