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Critique

«Notes à John» : les dernières séances de Joan Didion

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Au tournant des années 2000, l’autrice américaine retranscrit ses échanges avec son thérapeute. «Notes à John», ouvrage posthume, permet d’explorer ses relations avec sa fille et son mari, l’écrivain John Gregory Dunne.

John Gregory Dunne et Joan Didion avec leur fille Quintana Roo, à Malibu en 1976. (John Bryson/Getty Images)
Publié le 22/10/2025 à 16h39

En 1966, un couple d’auteurs californiens, Joan Didion et John Gregory Dunne, adoptent une petite fille qu’ils trouvent magnifique et «sauvage». Ils l’appellent Quintana Roo, et plus simplement Quintana, du nom de ce qui «n’était pas encore un Etat mais un territoire», dans le sud du Yucatán mexicain. Ce nom les avait fascinés et ils s’étaient promis de l’attribuer au bébé, si c’était une fille. Un territoire, ça s’explore et ça vous échappe plus que ça ne se possède et ne s’administre. Plus tard, Didion et Dunne deviennent relativement riches et célèbres. Ils travaillent beaucoup : articles, romans, scénarios. Leur fille en bénéficie, en pâtit. «Je me sentais coupable de ne pas m’engager, de ne pas être là émotionnellement, dit sa mère à son thérapeute. Travailler au lieu de m’engager, voilà ce que j’avais fait.» Il répond : «Vous aviez un ailleurs où aller, un ailleurs qui vous réussissait.» Ecrire un livre est difficile, mais ça l’est moins que d’élever un enfant.

A un moment, comme la nounou était partie, il a fallu faire garder leur fille, dit Joan Didion, «par l’employée de l’agence. Plus tard, elle m’a dit que la dame de l’agence était méchante, je lui ai demandé “pourquoi tu ne m’en as pas parlé à l’époque ?” et elle m’a répondu : “J’ai pensé que ton boulot, c’était de travailler pour Mr Preminger, et que mon boulot à moi, c’était d’être gardée par la dame de l’agence.”»