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Mardi SF

Objets animés, vous avez donc une vie

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Science-Fiction dossier
Dans «la Ronde de nuit», nouveau recueil de nouvelles après le remarqué «Lapin maudit», la coréenne Bora Chung tisse à nouveau les fils d’un imaginaire insolite et dénonciateur.
Bora Chung ne pratique pas la peur brutale, mais plutôt l’inquiétude sinueuse. (Aitor Diago/Getty Images)
publié le 11 mars 2025 à 16h56

Les objets inanimés ont donc bien une âme. Pire même : ils semblent pour certains êtres clairement possédés, et n’être d’ailleurs plus si inanimés que cela. Deuxième ouvrage de la Coréenne Bora Chung a être publié après le célébré Lapin maudit, la Ronde de nuit est un faux roman, un fix-up comme on dit, qui réunit autour d’un même cadre de courts récits. Bora Chung nous y plonge dans un étrange centre de recherches sur le paranormal où l’on conserve à des fins d’analyse des objets mystérieux et aux pouvoirs étranges. La vieille gardienne des lieux, qui fait ses rondes, nous raconte quelques-unes des histoires liées à ces objets. A travers eux, ce sont les travers d’une société coréenne dont a déjà beaucoup dit la dureté qui se dessinent. Ainsi l’histoire d’un mouchoir maudit, l’une des nouvelles les plus réussies du recueil, condamne-t-elle l’égoïsme d’un fils à maman élevé dans la cupidité. Dans une autre, un chat s’interroge sur ce qui l’a tué. Dans une troisième, un mouton aux dons de divination sème le désordre dans la vie de celle qui l’a recueillie. Le lieu lui-même est peu rassurant : des vigiles interdisent souvent le passage aux visiteurs et ceux qui n’obtempèrent pas risquent de se retrouver coincés dans un tunnel sans issue.

«Ce que les humains peuvent voir est assez limité»

Bora Chung ne pratique pas la peur brutale, mais plutôt l’inquié