«J’ai vingt-huit ans, je fais 1,63 m, 51 kg. Je suis beau vu sous trois angles exactement, et sinistre de partout ailleurs», lisait-on dans Un Bref Instant de splendeur (Gallimard, 2021), roman d’inspiration autobiographique paru outre-Atlantique en 2019. Ocean Vuong en a 34 aujourd’hui et ses mensurations n’ont pas tellement changé. Ce texte, qui prenait la forme d’une lettre d’un fils à sa mère analphabète, employée dans un salon de manucure aux Etats-Unis, a fait de lui une star. Né au Vietnam en 1988, élevé dans le Connecticut, il a publié son premier recueil, Ciel de nuit blessé par balles, en 2016 (Mémoires d’encrier, 2017). Le Temps est une mère signe son retour à la poésie, bien qu’il ne l’ait jamais vraiment quittée («Le roman, c’était mon cheval de Troie»). Le narrateur s’adresse de nouveau à sa mère, Hong, Rose en anglais. Cette dernière est morte d’un cancer en 2019, peu après la sortie d’Un Bref Instant de splendeur. Le livre lui est dédié : «A ma mère, Lê Kim Hong, appelée de l’avant». S’y bousculent traumatismes et émerveillements dans une avalanche de formes, de sensations, de registres et d’émotions. Rencontre à Paris cette semaine, chez son éditeur.
En anglais, le recueil s’intitule Time Is a Mother. Implicitement, on entend «motherfucker»…
J’ai grandi en Nouvelle-Angle