Quand elle entame l’écriture de sa trilogie dystopique «Xenogenesis», dans les années 80, Octavia E. Butler compose avec le désespoir. Elle est effarée par la politique de son pays, une administration Reagan qui ne cesse de brandir la menace d’une guerre nucléaire mondiale. En réaction, l’écrivaine noire américaine imagine une planète décimée par ladite guerre et une espèce humaine en voie d’extinction. Sous sa plume, les Terriens se retrouvent sous le joug d’extraterrestres, les Oankali. Ceux-ci estiment que la propension de l’être humain à élaborer des logiques de domination entre les individus est à l’origine de la catastrophe. Les extraterrestres ont alors à cœur de corriger cette anomalie autodestructrice en mêlant leurs gènes à ceux d’humains captifs, avec pour résultat de donner vie à une espèce hybride. Cette hybridation génétique est arbitrée par les ooloi, troisième genre des Oankali, au côté du féminin et du masculin. C’est ce que découvre Lilith, femme noire humaine, qui, après un sommeil de 250 ans, s’éveille sur un vaisseau oankali «vivant».
Cette partie de l’histoire se déroule dans l’Aube (Dawn), le premier tome de cette saga foisonnante, paru outre-Atlantique en 1987 et traduit en France en 2022 au Diable Vauvert. Dans le deuxième volet, l’Initiation (Adulthood Rites), traduit l’année suivante, Akin, fils de Lilith, première «construction» masculine mi-humaine mi-oankali, évolue sur Terre tiraillé entre ses deux patrimoines génétiques alo