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Libération

«Odyssée des filles de l’Est» d’Elitza Gueorguieva, impairs et passes

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Ce roman singulier, dont l’une des qualités est l’autodérision, raconte une collusion d’identité entre deux exilées bulgares.
Elitza Gueorguieva en 2023. (Aliona Gloukhova)
publié le 14 janvier 2024 à 10h34

«Les filles de l’Est» : c’est dans ce fourre-tout que l’autrice, bulgare, est rangée quand elle arrive en France, au début des années 2000 : «Et tu adores cette manière qu’ils ont de mythifier tes origines en t’appelant une fille de l’Est.» Elitza Gueorguieva, née en Bulgarie en 1982, a écrit ce livre en français, comme elle l’avait fait pour les Cosmonautes ne font que passer (Verticales, 2016). Le texte fait alterner la voix de l’autrice, qui s’adresse à elle-même, et l’histoire de Dora, prostituée et autre «fille de l’Est» émigrée en France. C’est un document enjoué et loufoque (ce qui ne signifie pas fantaisiste) sur la collusion entre deux identités, même si le regard bulgare éclaire ici davantage la France que l’inverse. A la fin néanmoins, l’autrice met en veilleuse son ironie pour expliquer aux lecteurs de quelle façon les choses se passaient en Bulgarie au début du XXIe siècle. Ce n’était pas joli joli.

Le texte couvre une dizaine d’années et plusieurs réactions et formules exotiques pour une étrangère. La lumière est mise sur les décalages : «A la place de récépissé tu comprends laissez-pisser, et tu confonds radié et irradié […]» En France, «Les punks sont souvent des fils de PDG, abrégé de président-directeur général». Le pays repose sur des piliers. Parmi eux se trouvent «la Dame de la Préfecture», la «République», et le fait que Lyon soit la «deuxième ville de France se